Entreprises de bureaux, responsables HSE, membres de CSE, vos collaborateurs se plaignent-ils de mal de dos ? Quelle part des arrêts de travail y sont associés ? Avez-vous fait l’achat de matériels ergonomiques pour palier au problème ? Est-ce que ça a été réellement efficace ?
Dans le monde, ce sont 4 personnes sur 5 qui souffrent de mal de dos. En France, 20% des arrêts de travail sont liés à un mal de dos.
Spoiler : L’une des causes principales est l’environnement de travail. Mais j’ai une bonne nouvelle pour vous, les solutions existent.
Comment l’environnement de travail augmente-t-il les risques et que mettre en place pour prendre soin de vos équipes (et par la même occasion réduire vos AT).

Quel est le lien entre le travail de bureau et le mal de dos ?
A cette question, une réponse évidente vous vient ? La posture ? En fait, les études les plus récentes montrent qu’elle joue un rôle bien moins important que celui qu’on a bien voulu lui attribuer depuis quelques dizaines d’années.
Le vrai rôle de la posture
Avoir le dos rond devant son ordinateur, être relâché, dos contre le dossier de sa chaise, ne pas poser les pieds au sol, avoir l’écran plus haut ou plus bas que la hauteur des yeux, avoir le bureau plus haut que ses coudes, tous ces défauts de posture ne sont-ils pas la cause du mal de dos ?
Oui et non. Il faudrait plutôt voir la mauvaise posture au travail comme la conséquence de la sédentarité de l’activité (dont on reparle juste après), plutôt que comme la cause du mal de dos en soit.
Si vous parveniez (et pour ça je vous souhaite beaucoup de courage) à maintenir une posture parfaite, dos droit et maintenu toute la journée devant votre ordinateur, pendant tous vos jours de travail et toute la journée, j’ai le regret de vous annoncer que vous auriez certainement toujours mal au dos.
En réalité, les causes du mal de dos au travail sont facilement identifiables, elles sont au nombre de 2, la sédentarité et le stress.
La sédentarité
Vous en avez certainement beaucoup entendu parler ces dernières années et vous y serez de plus en plus confronté à l’avenir, d’autant plus que pour l’instant, nos métiers ont tendance à se sédentariser.
Je vais résumer pour ceux qui veulent lire vite, pour être en bonne santé le dos a besoin de bouger.
Pour le comprendre, un petit rappel, vos collaborateurs passent une grande partie de leur temps éveillé au travail, chaque semaine, 35h si ce n’est plus. L’environnement de travail a donc une place importante au sein de la vie de chacun et il exerce une influence considérable sur la santé.
Maintenant, dans vos bureaux, retraçons le parcours de vos collaborateurs, ou même le vôtre. La plupart du temps, devant l’ordinateur, avec pour seuls mouvements, ceux des doigts, des mains, des yeux, parfois quand même de la tête. En dehors des quelques pauses, café, cigarette et des déplacements pour les réunions pendant lesquelles on ajoute du temps sédentaire, on est assis et quasi immobiles.
Je vous laisse faire une estimation du taux de ce temps sédentaire au sein de votre entreprise.
Et pendant tout ce temps les muscles et les articulations du dos, restent immobiles. Vous le savez peut-être, le corps humain est un bon économe. Si quelque chose ne sert pas, qu’il peut l’économiser, il s’en passe.
C’est d’ailleurs ce qui explique notre mauvaise posture au travail, on n’a pas besoin de maintenir les muscles de notre dos actifs devant notre ordinateur, alors on les relâche, ça nous permet soit d’économiser notre énergie, soit de l’attribuer à notre tâche.
Dans notre cas, les muscles de notre dos, sur la majorité de notre temps de travail, ne servent pas. Voyez donc le cercle vicieux, plus on reste sédentaires, moins on se sert de nos muscles, plus on les affaiblit et plus on aura tendance à économiser leur utilisation.
Le stress, 2nde cause et facteur aggravant
Bien qu’on ait encore du mal à expliquer les mécanismes qui lient le stress et les douleurs rachidiennes, les études récentes sur le sujet s’accordent à lier le stress et le mal de dos. On considère désormais le stress comme l’une des causes principales du mal de dos.
Relations difficiles au travail, surcharge, objectifs mal définis, faible latitude décisionnelle, les causes de stress au travail sont nombreuses.
Diminuer la prévalence du mal de dos au sein de votre entreprise passe donc en partie par le développement d’un environnement de travail sain et agréable.
Quelles sont les conséquences des lombalgies chroniques pour vous et vos collaborateurs ?
Loin d’être un simple inconfort au quotidien, la douleur rachidienne chronique, considérée comme la 1ère cause de handicap à l’échelle mondiale peut entraîner des conséquences réelles pour vos collaborateurs et a actuellement ou aura dans le futur des conséquences certaines pour votre entreprise.
Pour vos collaborateurs
Pour la personne victime de douleurs chronique, les conséquences possibles sont d’abord le risque d’aggravation et de développement d’affections plus graves et potentiellement chroniques. On parle de hernie discale, de sciatique, de tassement vertébral, de lumbago ou encore d’arthrose.
Même sans aller jusqu’au aggravations, le mal de dos est selon sa gravité déjà un handicap en soit. Il peut pousser à réduire ses relations sociales, rendre l’activité professionnelle plus pénible et contribuer à augmenter le risque d’isolement. Ce mal-être physique peut donc avec lui entraîner un mal-être mental et social.
- Hernie discale
- Sciatique
- Tassement vertébral
- Lumbago
- Arthrose
- Isolement social
- Baisse de performance
Pour votre entreprise
A lui seul, le mal de dos peut représenter un coût important sur votre entreprise. Au niveau national, l’assurance maladie estime qu’il engendre la perte de 12,2 millions de journées de travail et un coût à plus d’1'000'000'000 d’eurosbde cotisations sociales réparti entre la prise en charge des soins, les indemnités journalières et les séquelles.
Plus concrètement, il est la cause d’arrêts de travail et de baisses de performance professionnelle.
Comment (vraiment) régler le problème du mal de dos au sein votre entreprise ?
On en arrive à la bonne nouvelle. Le mal de dos au travail, ce n’est pas fatal. Il existe des solutions qui ont une réelle conséquence et dont vous pourrez même mesurer les bénéfices quelques semaines après les avoir mises en place.
Petite mise en garde, la réponse à apporter doit être complète. Une action effectuée indépendamment des autres n’aurait qu’un effet mineur.
Augmenter l’activité physique
Votre équipe fait-elle du sport ? Et si oui, en fait-elle régulièrement. Avez-vous déjà remarqué qu’une personne physiquement active a tendance à être moins sujette aux problèmes de santé ? Pensez-vous qu’on est inactif parce qu’on est en mauvaise santé, ou qu’on est en mauvaise santé parce qu’on est inactif ?
Aujourd’hui on sait que l’activité physique régulière est nécessaire pour rester en bonne santé. Pas besoin de courir un marathon toutes les semaines, l’activité physique la plus efficace est adaptée au niveau de chacun.
Plusieurs solutions peuvent être proposées à vos collaborateurs pour les inciter à pratiquer régulièrement une activité physique :
-Les accords CSE avec les salles de sport ou les différentes structures sportives. Selon l’accord, vous pouvez proposer des réductions sur les abonnements de la structure voire bénéficier d’un créneau de cours réservé à votre entreprise.
-La mise en place de cours de sport en entreprise, avec un ou plusieurs coachs sportifs. Cette 2ème option à plusieurs avantages :
- Elle est encore plus accessible en proposant un cours sur place sans temps de déplacement à prévoir.
- Elle s’adapte au planning de votre entreprise.
- Elle vous permet de faire d’une pierre deux coup en favorisant la cohésion de groupe.
- Enfin elle permet d’apporter à vos collaborateurs des conseils personnalisés sur les bonnes habitudes au travail et un entraînement adapté aux spécificités des postes de votre entreprise.
Diminuer la sédentarité
Vous allez peut-être vous dire, si nos collaborateurs font du sport, on a réglé le problème. En fait toujours pas, il reste toujours au moins 35h de sédentarité par semaine auxquelles on n’a rien changé.
La réponse parfaite, dans un monde idéal, serait de rendre au moins une partie de ce travail de ce bureau actif. Mais les besoins de votre activité sont ceux qu’ils sont et vous ne pouvez pas vous passer de travail de bureau.
Grâce aux connaissances scientifiques, on sait qu’on peut supprimer en grande partie les impacts de la sédentarité, en la ponctuant régulièrement d’un peu de mouvement, car ses conséquences se font plus importantes avec la durée de chaque période sédentaire.
On conseille donc de mettre en place des pauses actives toutes les 30 minutes. Monter d’un étage pour aller prendre un café, faire quelques étirements, aller aux toilettes, … L’intervalle peut être plus long, mais plus il l’est et moins ces pauses sont efficaces. C’est l’occasion pour vous d’essayer la méthode Pomodoro !
Mettre en place un environnement de travail sain
On l’a vu, le stress au travail est l’une des causes principales du mal de dos. C’est une raison de plus pour veiller à la qualité de l’environnement de votre entreprise.
Là aussi, le sport fait partie des solutions. Lors de l’activité physique, le corps humain sécrète les hormones nécessaires au bien-être mental. Son rôle dans la gestion du stress n’est plus à démontrer.
Adapter le poste de travail
Et enfin, avec tout le reste, rendre le poste de travail de chacun plus ergonomique participe effectivement à une bonne santé du dos. Il existe des règles communes :
- Placer l’écran à la hauteur des yeux
- Pouvoir poser les pieds au sol quand on est assis sur son fauteuil
- Avoir le bureau à la hauteur des coudes quand on est assis.
Il existe d’autres possibilités qui peuvent être proposées au cas par cas car elles sont plus invasives :
- Les postes de travail en station debout permettent de travailler dans une position qui n’est pas sédentaire. Même de manière partielle, travailler debout a un effet réel sur la santé du dos, mais elle ne doit pas faire oublier les pauses actives régulières.
- Un support d’assise instable comme un Gym Ball, force le dos à rester actif et diminue par conséquent les effets de la sédentarité.
Attention avec ces deux dernières adaptations. Au moment de leur mise en place, elles peuvent provoquer un inconfort, voire réveiller des tensions au niveau du dos. C’est bon signe, cela indique une sollicitation des muscles affaiblis par le manque d’utilisation. La mise en place doit être progressive, au ressenti de chacun.
Comme on l’a vu, le mal de dos au travail est un sujet important, tant pour la santé de vos équipes que pour celle de votre entreprise. Les tendances actuelles vont encore à la hausse, à l’heure où le sport et l’activité physique pour tous sont devenus des sujets majeurs après la clôture des jeux de Paris 2024.
Vous aussi vous pouvez en devenir l’un des acteurs et promouvoir des habitudes de vie plus saines, bénéfiques pour chacun d’entre nous, pour la collectivité et bien-sûr pour votre entreprise.
- Facteurs personnels et professionnels associés aux lombalgies en population générale au travail en France - S. Plouvier, J. Gourmelen, J.-F. Chanstang, J.-L. Lanoë, I. Niedhammer, A. Leclerc - 2010
- Global, regional, and national incidence, prevalence, and years lived with disability for 354 diseases and injuries for 195 countries and territories, 1990–2017: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2017 - GBD 2017 Disease and Injury Incidence and Prevalence Collaborators - 2018
- Lutter contre le mal de dos, une priorité pour les entreprises - CNAM - 2020
- Enquête sur l’exposition des salariés aux troubles musculosquelettiques et l’impact du mal de dos dans leur vire - IFOP - 2023